Newsletter N°16 - Mai 2020

ÉDITO

Les citoyens prennent le contrôle de l'Europe

Lorsque la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé en 2019 qu'une conférence de deux ans sur l'avenir de l'Europe serait lancée à l'occasion de la Journée de l'Europe, le 9 mai 2020, il y a eu un sentiment d'excitation et d'intrigue dans l'air. Pendant des années, les institutions n'ont jamais osé prononcer les mots "changement des traités" et ont considéré cette conférence comme une boîte de Pandore enfermant un enfer bureaucratique, procédural et juridique. Mais la situation a changé du jour au lendemain. En effet, la chef de l'UE a déclaré que cette conférence pouvait faire émerger une modification des traités et que les citoyens seraient associés au processus d'élaboration des politiques de l'UE notamment par le biais d’une assemblée de citoyens tirés au sort.
 
A l’heure actuelle, l'Europe se trouve à l'épicentre de l'une des plus grandes crises sanitaires, économiques et sociales de notre époque. Son incapacité à agir ensemble en tant qu'union pour trouver des solutions au coronavirus et alléger le fardeau des communautés les plus durement touchées prouve que l'action de l’UE est limitée. Au lieu d’agir séparément en tant que 28 États membres, c’est d'une action commune dont il est nécessaire.
 
Indépendamment du fait que le traité de Lisbonne ait longtemps été critiqué pour ne pas être allé assez loin dans la participation des citoyens, il est maintenant dénoncé pour ne pas permettre l’application de mesures nécessaires. Les questions de sécurité en santé publique, par exemple, sont une compétence partagée entre l'UE et les États membres, mais dans la pratique, les États membres exercent leur propre compétence et ont pris leurs propres mesures individuelles pour lutter contre la crise du Coronavirus. De plus, on se demande comment l'UE a-t-elle permis à certains États membres de violer de façon flagrante les droits des citoyens, de l'État de droit et de la démocratie au nom de la crise du Coronavirus.
 
Cela ne veut pas dire que l'une des régions les plus riches et les plus puissantes du monde n'a pas les ressources pour agir, mais plutôt qu'elle n'a pas la compétence juridique ou politique pour le faire, notamment à cause des limites des traités actuels. Le report de la Conférence sur l’avenir de l’Europe est donc encore plus dommageable, en particulier si l’UE veut répondre aux critiques de sa légitimité.

La société civile n’en peut plus de ce gel institutionnel dû à l'indécision du Conseil de l'UE. Elle souhaite lancer un débat européen sur l'orientation de notre Union. Democracy International est l'une des 15 organisations du mouvement "CITIZENS TAKEOVER OF EUROPE" (« Les citoyens prennent le contrôle de l’Europe »), une série d'événements menant à une Conférence sur l’Avenir de l’Europe auto-organisée. Si les institutions ne prennent pas l'initiative d'organiser la conférence pour et par les citoyens dont nous avons besoin, nous serons heureux de montrer l'exemple

Meilleures salutations,

Daniela Vancic

European Programme Manager, Democracy International